Et c’est parti ! Nous voilà en route pour les 6 jours les plus long de l’histoire de notre trip. Une première épopée avoisinant les 24 heures nous emmène jusqu’à Srinagar, la capitale de l’état d’Inde dans lequel nous nous trouvons. Les plus chanceux lisent, écoutent de la musique ou dorment, les autres luttent contre le mal des transports, les secousses et surtout le bruit du klaxon surpuissant que notre chauffeur de bus utilise sans retenue. Si nos oreilles sont mises à mal durant ce voyage, nos yeux eux se régalent des paysages lunaires une dernière fois. En arrivant notre chauffeur se rend compte qu’il a perdu la clé du cadenas verrouillant le coffre et se voit obligé de forcer ce dernier pour accéder à nos bagages…
C’est donc sans surprises qu’après avoir trouvé une maison d’hôtes flottante sur le fameux lac de Srinagar, nous nous y reposons le reste de la journée.
Le lendemain, Abbey nous quitte afin d’attraper son avion pour Delhi. Nous apprenons en la menant à la station qu’un bus de nuit pour Jammu, notre prochaine étape, part le soir même. N’ayant pas du tout été séduit par la ville nous décidons de reprendre la route immédiatement. Il faut dire que venant d’un Ladhak plutôt tranquille, nous n’étions pas vraiment préparés à affronter la ville commerçante qui nous attendait. Ici, il est dur ne pas se faire alpaguer tout les 30 mètres. C’est déjà fatigant en temps normal, mais avec la fatigue du trajet et la fréquence accrue, cela devient vraiment énervant. Pour couronner le tout, vu que nous ne rentrons qu’après l’heure de check-out à notre guesthouse, on nous fera payer une seconde nuit pour les 2 chambres !
Autrement dit, nous fuyons la ville rapidement, enfin pas si rapidement que ça puisque après seulement 70km sur les 300 à parcourir, le bus s’immobilise : la route est bloquée à l’entrée d’un tunnel. Obligés de rebrousser chemin jusqu’au dernier village, celui où nous avons pris le dîner, les passagers se préparent à une longue nuit… Ici nous resterons pas moins de 12h, quand nous reprenons la route, tard le lendemain matin. La plupart des passagers ont quitté le bus pour prendre des taxis privés, dont l’autorisation d’accès à la route a déjà été octroyée. Une fois la route ré-ouverte aux bus et aux camions, le prévisible se produit : les bouchons ! La route à flanc de falaise est congestionnée, ce qui nous laisse le temps d’apprécier la vue là encore. Nous n’arrivons à Jammu que 30 heures après notre départ, soit 3 fois plus que le temps prévu, déjà bien lent…
Il est tard, nous sommes épuisés : vite, trouvons un endroit où dormir. Chose faite, pressés d’en finir avec tous ces trajets, nous optons pour la méthode de brutale : celle qui consiste à reprendre un bus dès le lendemain. Nous avons même abandonné l’idée de nous arrêter à Dharamsala, pourtant sur le chemin. Dharamsala, soit-disant touristique, et la ville de résidence du gouvernement tibétain et du Dalaï Lama.
La route Jammu-Manali est mieux entretenue, bien dégagée. Nous avalons les kilomètres de nuit et atteignons finalement Manali, 6 jours dont 70 heures de bus après avoir quitté Leh, apprenant que la route directe vient d’ouvrir… Cette région en bordure Sud de l’Himalaya s’avère bien plus verdoyante que le Ladakh, ce qui n’est pas pour nous déplaire.
C’est la pleine saison, nous avons donc du mal à trouver un logement à un prix décent, mais finissons par tomber sur la perle. Une petite maisonnette de 3 chambres et une salle de bain, chambre pas chère avec une des meilleurs vue sur la vielle ville et la vallée. La ville se décompose en deux : la vielle ville donc, où se concentrent les touristes hippies venus faire du yoga, et le nouveau centre où ce sont les touristes indiens qui prédominent. Notre quartier, bien plus calme que le nouveau Manali, correspond bien à ce dont nous avions besoin pour récupérer de notre voyage.
Après 2 jours de repos, nous partons, le jour de l’anniversaire de Geoffrey, faire ce pour quoi nous sommes venu : de l’escalade. Ah ben ça faisant longtemps… Et plus précisément du bloc. Dans la forêt de Solang à 13km de Manali, Wipin, un ami d’Abbey, nous accompagne. La reprise est dure autant pour les bras que pour le moral. Cela ne nous empêche pas de fêter comme il se doit les 26 ans de Geoffrey. Faute de citrouille en souvenir de l’Australie, nous nous replions sur des légumes farcis cuits au feu en papillote, accompagnés bien sûr de bières, de fromage, de vin et de gâteaux. La soirée autour du feu, après les nombreuses passées au pays des kangourous, et dans un contexte proche de notre retour en France, est pleine de nostalgie.
Le lendemain, avec ce qu’il nous reste d’énergie, nous faisons ce que nous pouvons sur le caillou avant de rentrer sur Manali et passer les 2 jours qui suivent à nous reposer. Nous trouvons même nos petits endroits favoris, comme ce restaurant tibétain de moins de 10m² ou la trouvaille de cette pâtisserie aux tartes anglaises délicieuses.
Une deuxième session de bloc de 2 jours, cette fois-ci dans la forêt au pied du vieux Manali nous permet de retrouver de bonnes sensations et de rencontrer des grimpeurs locaux.
Encore une fois nous prenons 2 jours pour nous reposer et au petit matin de ce deuxième jour pluvieux Johann, un ami commun de l’INSA – Que dis-je ? … un Bob ! – nous a rejoint. Il était en mission pour sont boulot pas si loin d’ici et à décidé de prendre des vacances en Inde pour l’occasion. Lui aussi a eu son quota de trajet en bus et a besoin de repos.
Mais dès le lendemain il se joint à nous pour une dernière séance de bloc, dans la forêt de Manali, les projets se ferment, on se fait plaisir.
Nous migrons ensuite vers Vashisht, un autre petit village de montagne à seulement 3km de Manali. Connu pour ses sources chaudes au sein d’un temple ouvert au public, le village est aussi tranquille, mais plus authentique que le vieux Manali.
L’exploration des lieux derrière la maison d’hôte que nous avons trouvé, tout en haut du village, se révèle intéressante et arrivés à une jolie cascade nous ne résistons pas à un rapide débarbouillage et séchage au soleil.
Il ne reste plus que quelque jour à Johann, nous décidons de partir rapidement faire une rando puisque la météo, très variable dernièrement, s’annonce clémente. Au milieu d’une après-midi bien chaude, nous nous mettons en route pour le lac Brighu. A seulement 10km d’ici, il se situe néanmoins à plus de 2000m d’altitude au dessus de nous.
« Ca monte dré ! » comme dirait nos amis savoyards, et nous n’avons pas vraiment été habitué à cela au Ladhak. Autant dire que les jambes en prennent un coup. Sur la route nous nous battons avec des chèvres joueuses, puis rencontrons un petit fan club exclusivement féminin qui tient à tout prix à se faire prendre en photo avec nous.
Après 4h de marche, à la tombée de la nuit, nous installons le campement dans les pâturages au dessus des dernières forêts. On dort à trois dans la tente, à l’abri de l’orage qui s’abat au-dessus de nos têtes.
Au petit matin le ciel est parfaitement dégagé et nous sommes envahis par un troupeau d’ovins lors du petit déjeuner, l’ambiance est plutôt champêtre. De bonne augure, nous attaquons la bonne journée qui nous attend sous un grand soleil.
Il nous faudra presque 4h de plus pour atteindre le sommet visé, à quelque 4300m d’altitude. Malheureusement, à peine avons nous atteint un point de vue sur l’arête finale que les nuages commencent à monter. La vue à 360°, vertigineuse et enneigée, qui nous attendait est finalement obstruée, et nous n’aurons que quelques instants pour contempler 100m plus bas le lac gelé en mangeant notre déjeuner : pain et fromage local.
Le côté sympa de la rando étant terminée, il nous faut maintenant nous attaquer à la partie difficile : le retour. 2200m de dénivelé à descendre dans l’après-midi. Nos jambes sont au bord de la rupture quand nous regagnons finalement Vashisht. Et malgré un bain dans les sources chaudes (vraiment très chaudes !) pour relaxer les muscles traumatisés, des courbatures comme nous en avons rarement eu traîneront une petite semaine.
Les deux jours suivant, à causes des dites courbatures, nous nous replions sur des activités plus tranquilles : films et jeu de cartes.
Johann nous quitte et nous profitons des quelques jours qui nous restent pour refaire un peu de bloc, cette fois-ci dans la foret d’Aleo, au sud de Manali. On donne tout ce qui nous reste puisque, il nous faut bientôt prendre la route de Delhi.
Un dernier bus public, toujours aussi confortable, nous ramène à notre point de départ pour que nous puissions récupérer nos affaires et prendre nos avions respectifs, Geoffrey pour la Grèce et Julien pour la France.
Nous prenons bien évidement le temps d’apprécier nos derniers repas indiens, en faisant le tour de nos plats favoris. Puis, autour d’un dernier chaï les Bobs se quittent après ni plus ni moins que 18 mois de voyage ensemble !
Bien que les séparations nous donnent de l’émotion, nous nous retrouverons d’ici peu sur Lyon pour fêter notre retour ensemble à l’arrivée de Geoffrey. Le RDV est donc pris le 31 juillet !