Ladakh : Stok Kangri

Toujours au Ladakh, notre groupe est réduit à 3 après le départ de la famille de Julien et de Rolf. Nous avons décidé d’étendre notre séjour ici jusqu’aux alentours du 10 juin, pour nous laisser une opportunité de mener une expédition vers le Stok Kangri, un joli sommet qui domine la chaîne montagneuse voisine et culmine à 6150m d’altitude, à quelques 20km au sud de Leh.
Première expérience de la sorte pour nous, le sommet est réputé « facile » en été car peu technique. Mais à la fin de ce mois de mai les conditions sont nettement différentes. La neige tombe en abondance et le temps n’a pas l’air de vouloir se dégager plus de quelques heures sur le sommet de la montagne.
Qu’à cela ne tienne, nous partons explorer d’autres contrées en attendant une fenêtre. Notre dévolu se porte sur le lac Pangong situé au nord-est de Leh à 7h de bus, à la frontière avec le Tibet occupé par la Chine.
Départ 7h du matin direction le lac. Ce ne sont pas les multiples contrôles d’identité sur le chemin qui rendront notre trajet excitant, mais bien la neige !

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La route passe par le Chang La, le 3ème col carrossable le plus haut du monde à plus de 5300m. Et ce matin-là nous nous retrouvons bloqués par des embouteillages en chemin pour le col. Ce n’est qu’après moultes dépassements, roues qui patinent dans la neige, et finalement mise en place des chaînes, que nous atteignons le sommet.

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Finalement arrivés au lac avec seulement 2h de retard, le temps n’est pas au beau fixe mais nous apprécions tout de même la vue, ainsi qu’un moment de détente au bord du lac salé.

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Confus, Geoffrey confondrai presque Julien avec la faune locale !

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Après un bon dîner nous plantons nos tentes et passons la nuit au bord du lac. Le réveil est encore matinal car le même bus qui nous a emmené repart autour de 8h direction Leh, et impatients de grimper notre montagne nous repartons avec lui. Le chemin de retour est bien plus tranquille et de retour à Leh nous ne sommes pas mécontents d’être partis ces 2 jours car le temps ne s’est pas amélioré.

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Du coup en attendant nous occupons notre temps libre avec du repos, les derniers achats à Leh, mais surtout du bloc puisque nous avons découvert récemment cette petite salle et la scène locale des grimpeurs. Nous n’aurons toutefois pas l’occasion d’aller tâter le caillou dehors même s’il semble qu’il y ait de quoi faire aux alentours.

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Finalement il semble qu’une fenêtre de relatif beau temps se présente à nous. Nous nous hâtons alors de faire les préparatifs pour le Stok Kangri. Notre première préoccupation est de nous procurer les services d’un guide expérimenté en alpinisme et à l’anglais correct. A l’agence on nous propose le même guide que lors du Markha Valley trek, Karma. Son expérience en montagne est sûre et bien que notre communication en anglais soit parfois laborieuse, sa connaissance faite plus tôt est un bon point. Mais le lendemain, la veille de notre départ pour Stok, le village de départ, Karma se blesse au poignet en tombant de son toit !
Nous commençons à croire que la chance n’est pas de notre côté, mais nous hâtons de faire les démarches pour trouver un autre guide. Heureusement nous faisons la rencontre, via l’agence à nouveau, de Tashi. Son anglais est bon et on nous assure de sa compétence. Les préparatifs reprennent. Courses au supermarché et différentes épiceries de la ville, et location de matériel d’alpinisme.

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La dernière étape est l’obtention d’un permis auprès du responsable pour faire ce sommet, à 25$ par personne (ce permis est maintenant nécessaire si l’on ne souhaite qu’aller jusqu’au camp de base). C’est lors de cette procédure que nous rencontrons une légende de l’alpinisme indien et ladakhi, Sonam Wangyal. Il était le premier à grimper Stok Kangri en 1960, et participa pour l’Inde à une expédition vers le Mt Everest en 1965. Il devint un héros en devenant le plus jeune à atteindre le sommet à cette époque. Des plus intéressantes, l’heure passés dans ce bureau s’achève avec le permis dans la poche.

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Le lendemain nous arrivons enfin à Stok autour de 10h avec nos lourds sacs à dos. En plus du matériel classique de camping (tente, duvets, nourriture et réchaud…), nous aurons besoin de chaussures d’alpinisme, crampons et piolet, d’une corde, et de vêtements chauds pour les nuits en altitude et le sommet. Pour autant la possibilité de louer des ânes porteurs a été vite refusée. La compagnie de Tashi cependant est agréable et utile. Notre guide fait aussi bien son travail et notre petit groupe se met en marche sous le ciel clément bien qu’un peu couvert.

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Après 4h de marche nous plantons les tentes au premier campement, prenons notre repas, faisons une sieste, prenons le dîner et retournons nous coucher. Le repos c’est l’une des clés de la réussite !

Le deuxième jour a pour objectif d’atteindre le camp de base au plus tôt, mais il faut faire 900m de dénivelé avec nos 25kg chacun pour cela… Nous avons un bon rythme et après une pause au camp de Mankarmo où nous est servi le thé, nous reprenons le chemin du camp de base pour les 500 derniers mètres de dénivelé.

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Le camp de base est situé dans une cuvette à 5000m d’altitude. Quand nous l’atteignons vers 14h, le temps s’est gâté et nous plantons la tente sous la neige. Le thé est là aussi de rigueur et après un rapide lunch chacun brave la tempête et va se coucher pour essayer de dormir quelques heures. Difficile cependant de trouver le sommeil, entre l’altitude et l’excitation pour le lendemain.

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Puisque personne ne dort tous nous retrouvons pour le dîner dans la tente commune. Sont arrivés deux anglais et leur guide qui tenteront l’ascension comme nous demain. Un jeune indien est aussi de la partie en solitaire lui. Sont aussi présents sur le camp une vingtaine d’étudiants indiens et guides en expédition de groupe. Ils ont essayé de s’approcher du Stok Kangri la veille mais la neige les a bloqué, et certains tenteront un sommet voisin le lendemain.
Le coucher de soleil sous un joli ciel dégagé et le temps qui s’est stabilisé semble-t-il nous donnent bon espoir pour le lendemain.

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A minuit et demi, le réveil sonne après quelques petites heures de sommeil et nous prenons à nouveau un repas qui sera le seul des prochaines 12h. Heureusement notre appétit est toujours là ! Puis après avoir chaussé et préparé de légers sacs nous nous mettons en marche autour de 1h30 du matin. Aux vues des conditions d’enneigement, les deux guides ont décidé de maintenit un groupe au plus compact et donc de s’associer. La première côte est raide et après 100m de dénivelé, à cette heure matinale, après avoir atteint le sommet d’un petit col à une vitesse trop rapide imprimée par le 2ème guide, nous pouvons juger du physique de notre groupe. Les deux anglais mais particulièrement l’un sont à la traîne. Pas acclimatés, ils ralentiront le groupe toute la matinée.
L’approche continue et nous contournons la montagne vers sa face sud dans les pentes recouvertes de plusieurs dizaines de centimètres de neige fraîche, rendant notre progression plus lente et fatigante, spécialement pour les 2 ou 3 premiers de file qui ouvrent la trace.
Vers 5h du matin, nous mettons les pieds sur le glacier lui aussi tapissé d’un blanc parfait. La progression en file, un peu parsemés cependant, est impérative. Les premières lueurs du jour apparaissent à l’horizon.

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Toujours sur le glacier, dont la remontée n’est pas reposante, le lever de soleil nous rappelle que le temps passe et que la neige va se ramollir maintenant.

L’un des anglais abandonne à ce moment-là, et le deuxième rebroussera chemin lui aussi avec leur guide au pied de la montagne en haut du glacier. A ce moment-là nous contemplons la face sud que nous avons à grimper, puis l’arête sud-ouest qui nous mènera pour les derniers 200m jusqu’au sommet. Notre guide nous avertit, déjà entamé par les 6h de marche précédentes, que le sommet va être difficle à atteindre. Mais nous souhaitons continuer et il suit nos traces sur les premières pentes de la face sud.
Il n’avait cependant pas tort, l’ascension s’avère épuisante. Nous enfonçant jusqu’à mi-mollet au moins à chaque pas, avec le soleil qui commence à taper, nous nous arrêtons à 300m du sommet lessivés, nos esprits dans le brouillard. En considérant les heures de marche nécessaires au retour, nous nous résignons à abandonner notre objectif et rebrousser chemin vers 8h30.

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Un peu plus bas nous laissons sur un kairn les écharpes boudhistes que nous voulions laisser au sommet, puis attaquons la descente suivis de peu par l’indien en solitaire. Les pentes raides mais sans danger ou presque permettent à certains de faire un peu de toboggan, on ne perd pas le moral !

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Personne n’atteindra le sommet ce jour-là, et notre guide maintient que personne ou presque ne l’a atteint encore cette année, rendant notre déception moins amère. Nous retrouvons le camp de base un peu après 11h toujours sous un soleil radieux. Le temps vraiment stable ce matin était une accalmie inespérée en cette période de mauvais temps exceptionnelle. Il faut bien une goutte de whisky et un peu de chocolat pour nous récompenser des efforts de la matinée !

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Après un lunch et une sieste, nous quittons le camp de base direction le campement de Mankarmo où nous passerons la nuit. Les organismes sont épuisés, et notre guide s’endort le premier, il n’aura pas pu nous suivre sur la face sud.

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Nous sommes contents de la prestation de notre guide ême si certains de ses choix ne nous semblent pas judicieux. Le premier jour par exemple, nous marchons seulement 4h dans une section à pente douce de la vallée alors que nous aurions pu pousser 2h de plus. Notre second jour aurait été plus court et notre repos au camps de base plus efficace. Le fait de s’associer à l’autre groupe lors du sommet, par raisons de sécurité que nous comprenons, nous a considérablement ralenti et cela a aussi été un facteur de notre échec. Le retour à Stok se fait un peu sous la neige, le mauvais temps ayant repris possession des lieux après notre tentative.

Et nous retrouvons Leh qui a encore changé. Tout notre séjour et pour encore longtemps, la ville de Leh a entrepris des travaux considérables en centre-ville pour s' »embellir ».

Abbey doit quitter l’Inde le 14 juin pour continuer son voyage en Thaïlande puis en Australie, et nous souhaitons nous aussi poursuivre le nôtre à Manali quelques centaines de kilomètres au sud en bordure de la chaîne himalayenne. Il est temps de faire nos au-revoir à Leh, au collègues de la salle d’escalade, et à Dawa et sa famille. Leur fils Stanzin, ingénieux, nous montre un projet de science qu’il a construit : une pelleteuse miniature qui fonctionne à l’aide de seringues et d’un circuit d’eau. Malin !

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Les sacs faits, nous grimpons dans un bus direction Srinagar, la capitale de l’état Jammu & Kashmir, complètement à l’ouest.

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La route Leh-Manali étant toujours bloquée par la neige, et aucun de nous ne souhaitant prendre l’avion depuis Leh, nous devons faire un bon détour en bus qui ne nous fait pas peur ! La suite au prochain épisode…

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