C’est vrai, nous nous en sommes mis plein les mirettes ces derniers temps avec les plus hauts sommets des Alpes néo-zélandaises à portée de main. Mais comme il nous reste encore un peu de temps, on ne va pas s’arrêter en si bon chemin ! Une session crêpes pour remercier notre hôte du jour, et nous voilà de nouveau en route.
Notre prochaine étape s’appelle Wanaka. C’est l’un des coins les plus réputés du pays pour la grimpe, ainsi que pour les sports d’hiver. De plus, nous avons eu ouïe dire que l’ambiance y était sympathique, alors nous nous mettons en route ! Notre petit groupe de frenchies se sépare car Quentin souhaite rester un peu à Fox pour voir le glacier, et voguer vers d’autres aventures.
L’auto-stop dans cette partie du pays est un peu compliqué puisque principalement les touristes empruntent cette route. Certains attendent plusieurs heures sans résultat ! Mais notre habituelle bonne fortune veut qu’avant même de tendre le pouce nous rencontrions Matt, chauffeur-livreur. Et pour se distraire pendant les longs trajets de la côte ouest, celui-ci a pour habitude de prendre quelques auto-stoppeurs dans les backpackers.
Aujourd’hui nous ne serons que 7 dans le camion… Record de 14 à battre on en est loin ! Et on peut même se faire un petit coin douillet grâce aux sacs de linge.
Après plus de 3h de route, nous voilà à Wanaka ! En effet, la petite ville est assez charmante (un peu moins far-west que celles que l’on a eu l’occasion de traverser jusque-là) et le site du lac Wanaka en lui-même est tout à fait pittoresque ! Jugez par vous-même.
Nous exerçons nos talents de photographe, même si Quentin reste le maître incontesté dans le domaine.
Ici, notre mode de vie sera simple et organisé autour de quelques lieux stratégiques. Les nuits, nous plantons notre tente dans un parc autour du lac, à seulement 10min du centre-ville.
C’est certes un peu risqué (l’amende est de 200$ pour le camping sauvage…) mais en nous levant à l’aube on évitera les problèmes, et l’on pourra prendre de jolies photos. Et puisque la bouffe occupe 50% de notre temps, je vous laisse imaginer où nous passons nos journées… Autour du barbecue-plancha gratuit de la ville ! Un concept à importer pour sûr.
On se permet aussi une petite lessive que l’on étendra astucieusement avec notre slackline. Cependant, il semble que ce genre de pratique ne soit pas du goût des autorités locales qui nous demanderons gentiment d’installer notre campement ailleurs.
Notre épisode Wanaka sera plus court que prévu, puisque Quentin nous rejoint le lendemain même (il prétexte une météo défavorable sur la côte ouest, mais il faut croire qu’il ne savait plus quoi faire sans nous…) et qu’un nouveau plan se profile à l’horizon. A l’origine, notre voyage est supposé se terminer dans les fjords et plus particulièrement à Milford Sound. Mais les accès routiers sont très limités et obligent à faire de longs détours pour éviter les cols. Alors notre idée c’est de rallier Milford à pied ! On ne pourrait tout faire car le temps nous manquerait, mais un programme de 7 jours de marche est bientôt mis sur pied, ce qui nous paraît être une merveilleuse façon de terminer notre séjour en Nouvelle-Zélande.
Après un vote unanime du groupe, il est temps pour nous d’aller profiter des spots de grimpe alentours car il nous faudra nous délester du matériel pour franchir les différents cols par la suite. Le souci c’est que nous n’avons qu’un après-midi pour cela, les deux jours suivants sont annoncés pluvieux… Heureusement, notre chance ne nous quitte pas et nous parvenons à nous rendre à l’un des meilleurs spots : le Diamond Lake. Sur les bords de ce petit lac, une falaise de 50m où l’on grimpera deux voies exceptionnelles sur un caillou de grande qualité !
L’on regrette presque de ne pas pouvoir rester plus longtemps… Et nous faisons la rencontre d’une petite famille pas comme les autres. Niki, Andy et leurs deux petites filles sont en vadrouille pour 6 mois avec leur camping-car. Ils viennent du Liechtenstein rendez-vous compte ! Seulement 26 000 habitants dans cette vallée-pays et l’on tombe sur eux. De plus, ce sont eux aussi des grimpeurs alors nous trouvons de quoi nous entendre. Nous passerons la nuit à côté de leur camping-car, avec la promesse d’un « ride » pour Wanaka le lendemain. Nos deux copains Marine et Quentin profitent de notre absence pour faire des folies gastronomiques, et nous nous retrouvons tous les 8 le lendemain midi autour … du barbecue !
Maintenant il est temps de préparer notre excursion. Liste des provisions, shopping, téléchargement des cartes topographiques (oui oui on a pris de bons réflexes maintenant !), et expédition de notre matériel devenu inutile à Christchurch, d’où nous décollons pour l’Australie le 3 Avril.
Le lendemain vers 14h nous voilà fin prêts ! Laura, une jeune allemande rencontrée à Arthur’s Pass lors de notre wwoofing, se joint à nous pour cette aventure. Le programme des prochains jours est le suivant :
– auto-stop pour rejoindre l’entrée du parc national du Mont Aspiring, 50km de route partiellement bitumés vers un cul de sac où seuls les touristes vont ;
– courte marche de 10km pour rejoindre l’Aspiring Hut (refuge) point de départ de plusieurs randonnées ;
– passage du Cascade Saddle (col) après 1400m de dénivelé, marche le long du Dart Glacier, pour finalement rallier la Dart Hut après 8 à 10h de marche ;
– depuis le refuge, on rejoint la Rees Valley après avoir passé un autre col mineur. Après 30km dans cette vallée l’on rejoint une route qui après 20km ramène à la civilisation !
Geoffrey et Marine partent devant pour faire du stop car à 5 cela semble difficile… Quentin et Julien restent derrière pour attendre Laura. Et à son arrivée, ils font une découverte essentielle : c’est la Saint Patrick ! La faiblesse, ou plutôt la gourmandise, prennent le dessus sur la culpabilité de s’en jeter une sans les deux compagnons partis au charbon. Les trois lièvres laissent donc les deux tortues prendre les devants.
Nous devrons passer la nuit séparés les uns des autres car peu de gens empruntent cette route, et il est logique qu’en commençant l’auto-stop à 15h l’on ne puisse atteindre notre objectif… Mais les touristes les plus matinaux sont notre meilleure chance ! Et en effet, aux alentours de 10h, un « ride » salvateur permet aux trois poursuivants de gagner la course juste sur la ligne d’arrivée, au nez et à la barbe de leurs deux compères !
Bien que nous n’ayons qu’une courte marche aujourd’hui, nous nous hâtons de nous mettre en chemin car le planning n’est pas encore tout à fait ficelé. Une dépression accompagnée de pluie est annoncée le lendemain, et après avoir atteint le premier refuge nous décidons d’y rester deux nuits pour laisser passer le mauvais temps. Journée coinche et sieste en perspective ! Mais en mode « protection sandflies » bien sûr, en nombre dans cette partie du pays.
Et surtout 5$ par personne de camping, ce qui ternit un peu notre score… De quoi rajouter à la morosité de ceux qui supportent mal l’attente, nous avons du réduire les portions en rallongeant notre séjour.
Mais ce n’est pas un drame puisque le jeu en vaut la chandelle. Encore une fois un grand ciel bleu nous attend le lendemain durant notre escalade du Cascade Saddle. Et surtout nos premières vues sur le mythique Mount Aspiring, le plus haut sommet de la région.
Arrivés en haut, nous sommes ébahis par la beauté du paysage. L’arête dessinée par le col est superbe, et donne sur le Dart Glacier. En fond, toujours le Mount Aspiring et d’autres sommets enneigés. Quel meilleur endroit pour un casse-croûte ? D’autant plus que nous avons pu nous procurer du pain fait maison par un biais insoupçonné.
La marche de l’après-midi sera un peu moins soutenue et parsemée de multiples pauses photos, si bien que nos batteries seront vides le lendemain… Mais cela se justifie bien quand nous nous approchons si près du glacier !
Du coup il nous faut nous arrêter à 2h de marche du prochain refuge et établir notre camp. Nous découvrirons à nos dépends qu’une vallée glaciaire est froide, et très froide pendant la nuit. Mais la vue et la sensation d’être complètement isolés du monde nous consolent. Nous découvrirons aussi à nos dépends qu’avec le froid, notre réchaud a quelques difficultés à nous faire la popote… Et surtout que ce n’est pas du à une panne de pompe, donc qu’il est inutile de la démonter et de la casser accidentellement ! Résultat des courses, nous achetons notre 3ème pompe MSR (on attend une carte de fidélité très prochainement).
Le lendemain, nous gagnons le refuge pour faire le plein d’eau, et rencontrons quelques Kea (à prononcer [kia]) en chemin. Ces perroquets sont de vrais phénomènes ! Ils sont très intelligents et il est conseillé de ne pas laisser traîner vos affaires la nuit ou bien ils les emporteront. De plus, il est assez surprenant de croiser des perroquets dans une vallée glaciaire, décidément la faune et la flore de ce pays sont particuliers !
La journée sera plus tranquille et ponctuée d’une bonne pause sieste en haut du Rees Saddle.
Le problème c’est qu’avec notre rythme, nous n’avançons pas aussi vite que prévu. Notre objectif est de nous retrouver à la fin du chemin, au parking, avant 16h le lendemain pour avoir une chance de faire du stop jusqu’à la prochaine ville, Glenorchy. Donc courte nuit et départ avant l’aube au programme. 25km plus tard dans la vallée, nous voilà arrivés au parking autour de 16h. Et là incroyable, avant même que l’on ait au le temps de finir notre goûter, deux kiwis nous offrent de nous emmener tous les 5 à Glenorchy ! Après toutes ces aventures, nous méritons bien de trinquer à notre bonne fortune.
Et surtout une bonne douche dans le lac Wakatipu à Glenorchy, là ou se jette notre Rees River. Quand on en arrive au stade où l’on ne peut plus se sentir…
Et après avoir trouvé de gentils kiwis pour nous accueillir dans leur jardin, nous nous retrouvons le soir autour d’une bonne pizza pour finir en beauté !
A suivre prochainement : arrivée à Queenstown – le Routeburn jusqu’à Milford Sound – retour vers Christchurch